Un conglomérat de journaliste revient sur l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès

À l’occasion de la tournée évènement « Parlons INFO » le groupe de journalistes issus de franceinfo, France Bleu Azur, Nice Matin et Radio France s’est arrêté à Nice jeudi 17 octobre pour évoquer le cas Xavier Dupont de Ligonnès

Pierre Sennès, le procureur de Nantes avait pourtant dès 23h ce fameux soir du vendredi 11 octobre, exhorté à la prudence @AFP
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Une dizaine de personnes était réunie à Nice, jeudi 17 octobre au Théâtre Municipal Francis Gag. Il est 18 h 30 lorsque Frédéric Carbonne, Olivier Emond, Laurent Gauriat, Violaine Ill, Patrice Maggio et Éric Valmir entrent en scène. Beaucoup ont des postes à haute responsabilité au sein de leurs médias Franceinfo, France Bleu Azur, Nice Matin et Radio France. Ces « dinosaures » du métier comme se plaît à se désigner lui-même Patrice Maggio, ont entrepris depuis janvier 2019, une tournée dans 19 villes de France afin d’expliquer et raconter le métier de journaliste.

Plusieurs minutes après le début de la conférence, Olivier Emond, journaliste à Franceinfo, déclare : « Nous avons une cellule de fact checking qui vérifie minutieusement les sources avant de publier une information. On ne se contente pas de reprendre une source citée dans un autre média ». Une question brûle donc les lèvres : comment un média qui vérifie ses sources peut-il se tromper au point d’annoncer l’arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès ?

« Il y a un moment où on s’est dit : allez, on y va »

Sur la scène, éclats de rires jaunes et échanges de regards gênés : « Ah enfin ! La question a mis du temps à arriver ». Le public est réveillé, un faible brouhaha s’élève dans la salle. Laurent Gauriat, rédacteur en Chef à France bleu Azur, prend la parole : « Pour moi l’emballement était surtout policier. Les journalistes n’ont fait que leur boulot ! Nous pensions avoir assez de sources, mais oui on aurait dû se poser des questions sur cet appel anonyme… ». Un spectateur fait remarquer que le procureur de Nantes avait pourtant, dès 23 h ce fameux soir du vendredi 11 octobre, exhorté à la prudence. Olivier Emond contre-attaque : « Le “ faut être prudent ” venant d’un procureur en journalisme, c’est comme le “cordialement” à la fin du mail. On l’entend même quand l’information est sûre. Ce soir-là ils n’étaient que cinq et pas 18 à la cellule. Il y a un moment où on s’est dit “allez, on y va” ». Éric Valmir, secrétaire général de l’Information Radio France, ajoute : « Rappelons que ce sont les journalistes qui ont été les premiers à avoir des doutes, notamment avec les témoignages du voisin. La police elle, ne s’est pas remise en question ». Le public est attendri. Ici et là, quelques hochements de tête. Un prend la parole : « Tout le monde avait envie d’y croire. On est sur quelque chose de brûlant et tout le monde était super content ». Laurent Gauriat assène pour conclure : « On n’a pas fait d’erreur, ou très peu ».

Les journalistes, des humains comme les autres

Le cas Xavier Dupont de Ligonnès est un exemple poignant de l’humanité des journalistes qui affirment « nous aussi on peut se tromper », l’un des messages phares qu’ils souhaitent diffuser lors de la tournée parlons INFO. Frédérique Carbonne, journaliste et présentateur du 12 h/14 h sur Franceinfo, partage une anecdote qu’il conclut par : « Il nous arrive de nous interroger en direct. Cela fait partie de notre devoir et l’on a le droit de dire “je ne sais pas” quand on est journaliste ». Violaine Ill, journaliste à France bleu Azur, illustre ces propos avec l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice : « Le soir de l’attaque, les gens allumaient la télévision en se disant “ je vais savoir ». Non, on n’en sait pas plus et l’on n’a pas plus de recul que vous, spectateurs ».

Lolita Aboa  

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