Quatre réfugiés licencié au club de football de l’ESSA près de Caen - Crédit : Facebook ESSA

Le sport, un allié de l’insertion des réfugiés

Le sport, “langage universel” permet de créer du lien social et de favoriser l’intégration des populations migrantes vers d’autres formes d’intégration. Souvent victimes d’exclusion sociale et de discrimination raciale, ces populations bénéficient d’une meilleure appréhension des codes locaux.

Quatre réfugiés licencié au club de football de l’ESSA près de Caen - Crédit : Facebook ESSA
Quatre réfugiés licenciés au club de football de l’ESSA près de Caen. Photo DR Facebook ESSA

Les Jeux Olympiques de Paris approchent. L’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) rappelle, dans une publication, le pouvoir fédérateur du sport et le vecteur majeur qu’il constitue dans l’intégration des réfugiés dans les pays hôtes. Depuis 2015, l’UNHCR travaille en collaboration avec le Comité international olympique (CIO). Tous deux sont à l’origine de la création de l’équipe des réfugiés olympiques. Cette équipe, sans drapeau, s’est démarquée par le succès qu’ont rencontré ses athlètes lors des jeux de Rio en 2016 et de Tokyo en 2020. Pour Paris 2024, 44 athlètes, choisis et départagés pour leur niveau sportif par le CIO, percevront une bourse qui leur permettra de s’entraîner dans leur pays d’accueil en vue des sélections pour les JO.

Le sport est reconnu comme un facteur majeur d’intégration

Les politiques récentes d’insertions des migrants en France, et en Europe en général, reconnaissent le sport comme un facteur majeur de l’intégration des migrants dans leurs pays d’arrivée. L’association France terre d’asile insiste particulièrement sur le pouvoir fédérateur du sport qui permet de rassembler les populations autour de valeurs communes, de l’échange et de la solidarité qu’il véhicule, là où les différences culturelles et les barrières de la langue peuvent parfois éloigner. 

Céline Garcia explique dans son ouvrage L’action sociale par le sport que les questions autour de l’impact du sport, notamment le concept de cohésion sociale, ont émergé en Europe dans les années 1980. En même temps, la France développe une politique d’intégration des immigrés par la pratique d’activités sportives nommée “citoyenneté par le sport”. Les décennies suivantes, de nombreuses initiatives d’intégrations (tant à l’échelle internationale qu’à l’échelle locale) voient le jour. À partir de 2010, ces politiques se multiplient et prennent une réelle valeur dans le débat public. Différents dispositifs sont alors mis en place à la fois par les États, comme le lancement du projet Football Including Refugees en 2019 ainsi que par des associations, telle que Kabubu (l’amitié par le sport en swahili)  qui vise à intégrer des exilés aux JO 2024. 

“Ils font partie d’un vrai groupe, d’une équipe”

Avant d’arriver au niveau d’athlètes olympiques, les entraînements se font à l’échelle locale, dans des clubs qui ont choisi d’intégrer dans leurs équipes des athlètes réfugiés ou sans papiers. Les petits clubs locaux sont, en réalité, les premiers à pouvoir agir et à avoir un impact sur l’insertion des réfugiés au sein d’un territoire. Philippe Chassin, président du club de football de Saint-Aubin-sur-Mer près de Caen, compte dans son équipe quatre réfugiés africains. Il est témoin, depuis des années, des retombées positives de la pratique d’un sport en club pour ces sportifs immigrés. “Ça les aide beaucoup à pratiquer le français, c’est une toute nouvelle langue pour quasi la moitié. À l’intérieur de la communauté des joueurs, ils font partie d’un vrai groupe, d’une équipe.”, déclare-t-il. Si le président du club est satisfait de l’attention donnée à ces joueurs exilés, il en parle comme d’une chose tout à fait banale. Pour lui, “si on est bon, peu importe d’où l’on vient”. Il précise qu’un joueur sans papiers peut être licencié et que les procédures pour en obtenir une sont à peine plus longues. Ce dernier aura simplement la mention d’une nationalité étrangère sur sa licence de jeu. Le cas de ce club normand n’est pas un cas isolé. De nombreuses associations sportives comptent, parmi leurs effectifs, des étrangers en situation irrégulière. 

Atteindre le haut niveau

L’histoire d’un sportif immigré d’Éthiopie a particulièrement ému les rédactions des Pyrénées orientales. Mudasir, 18 ans, enchaîne les victoires dans son club d’athlétisme à Perpignan. À son arrivée en France à l’âge de 15 ans, après un périple à travers l’Afrique, pour fuir les conflits ethniques dans son pays d’origine, il est envoyé à Perpignan après le démantèlement de la jungle de Calais. Mudasir obtient son titre de séjour et donne un cadre à sa passion pour la course à pied en s’inscrivant dans un club d’athlétisme, sans même connaître un mot de français. Il a explosé à ce jour le record d’Occitanie sur les 10 km. Il rêve désormais d’obtenir la nationalité française pour pouvoir, un jour, défendre le drapeau tricolore aux Jeux Olympiques.

Romane PASSET, Dunvel RAMALINGUM, Flavie VEILLAS & Lucie VERDIER

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