Hollande et la jeunesse : l’oeil de la rédaction

Les jeunes avec François Hollande ( Crédit Photo : RemiJDN )

« Je suis le président des jeunes ». Au lendemain de son élection, François Hollande l’a réaffirmé : sa priorité pour les cinq ans à venir sera la jeunesse. Mardi dernier, lors de sa conférence de presse (pour un compte-rendu, cliquez ici), le Président a tenu sa ligne. Après 6 mois à la tête du pays, le pari de la jeunesse est-il tenu ? Deux membres de la rédaction ont débattu sur ce sujet.

Le point de vue d’Elie Selam : « Nous avons de quoi être optimistes »

Après six mois de présidence, on peut dire que les jeunes n’ont pas à se plaindre. Toutes les promesses de campagne du Président n’ont évidemment pas encore été tenues mais on peut noter des progrès significatifs en un laps de temps assez court (évidemment trop court pour remonter des chiffres du chômage toujours inquiétants).

D’abord, un des points phares du programme de François Hollande, que peu de monde voyait réalisable à son élection, a fait une grande avancée : le contrat de génération. Visant à inciter les patrons à embaucher les jeunes arrivants sur le marché du travail (tout en gardant les séniors), il a fait l’objet d’un accord conclu entre syndicats et patronat en octobre dernier, et devrait être voté en janvier 2013. Toujours sur l’emploi des jeunes, les douze premiers « emplois d’avenir » ont été signés à Chelles il y a tout juste quelques jours, et près de 100 000 sont prévus d’ici à la fin 2013. Une vraie aide pour les jeunes peu ou pas qualifiés, qui en plus de CDD et CDI bénéficieront de dispositifs de formation pour acquérir un diplôme en maximum trois ans.

Et enfin, même si cela nous concerne plutôt à long terme, le Président et son ministre Vincent Peillon se sont beaucoup attardés sur l’éducation, dont le budget pourrait augmenter de 2,92% en 2013. 60 000 postes devraient être créés – 8 281 le sont déjà – et surtout le projet d’une « nouvelle école » devrait être débattu en décembre à l’Assemblée Nationale, avec notamment des réformes sur les rythmes scolaires et sur l’orientation (pour en savoir plus). Bref, pour l’instant François Hollande tient ses engagements et on sent que ses promesses de mai dernier n’étaient pas que des paroles en l’air. Nous avons de quoi être optimistes : les jeunes vont prendre plus de place dans la société et faire savoir qu’ils sont bien là.

Le point de vue de Louis-Vianney Simonin : « Le problème n’est pas réglé »

 Lors de sa prise de fonction, François Hollande avait demandé aux Français « de le juger sur la justice et la jeunesse ». Hier, lors de la conférence de presse, le président a changé d’avis. Finalement, il demande à être jugé sur « la croissance et le chômage ». Un changement de cap synonyme de passage au second plan de la jeunesse ?

Le redressement annoncé de la jeunesse se concentre en trois mesures phares : le contrat de génération, les « emplois d’avenirs » et l’embauche de 60 000 enseignants. Dans le camp socialiste, la première de ces mesures a été critiquée. Très floue, elle ne cible aucun type de jeune. Pire encore, elle se concentre sur les entreprises de moins de 50 salariés, qui se verront exonérées des charges d’embauche. Mais, pendant ce temps, ces mêmes charges vont réapparaitre dans les entreprises de plus de 50 salariés (un gain de plusieurs milliards est attendu). Avec ce jeu, le problème n’est pas réglé : il n’est que déplacé. Les emplois d’avenir ne sont eux qu’une mise à jour des emplois jeunes du gouvernement Jospin. Leur but, « faciliter l’insertion des jeunes dans l’emploi et l’action des associations, en priorité dans les quartiers populaires ». A l’époque, ces emplois n’avaient pas atteints à 100% leurs objectifs. En créant une vraie fracture entre les jeunes défavorisés et les autres, ils ont séparé la jeunesse en deux.

Alors oui, les jeunes ont besoin d’un coup de main. Insister sur l’éducation comme a prévu de le faire François Hollande est sans doute la bonne solution. Mais dès qu’on parle d’intégration au monde du travail, les propositions avancées sont, au mieux, à creuser.