20 ans et malade

Diabète, dépression, séropositivité, avoir vingt ans et être malade, une réalité que les personnes en bonne santé ont du mal à saisir. Pourtant de nombreux jeunes vivent cette situation au quotidien.

La détresse psychologique touche 23% des jeunes de 15 à 24 ans en PACA
La détresse psychologique touche 23% des jeunes de 15 à 24 ans en PACA

La Côte d’Azur est une région où les jeunes sont fortement touchés par des maladies. La détresse psychologique touche 23% des jeunes de 15 à 24 ans en PACA. C’est trois fois plus que la moyenne nationale. Le VIH/Sida bat lui aussi des records dans la région avec un taux de contamination en hausse constante depuis 2008 alors qu’au niveau national l’épidémie se stabilise*. L’université est consciente des problèmes que rencontrent les étudiants. Afin de permettre aux étudiants malades de poursuivre leur scolarité, l’Université de Nice dispose d’un système de santé bien organisé. Une prise de contact avec le docteur Simonelli du SUMPPS (Service universitaire de médecine préventive et de promotion de la santé) et il dresse l’état de santé de l’étudiant. Il constitue un dossier proposant des dérogations adaptées à chacun : soutien psychologique, suivi

médical, ou encore des dispenses de TD. Les élèves qui ne peuvent pas se déplacer peuvent recevoir des cours à leur chevet, à la clinique de Vence qui propose des cours avec des maîtres de conférences. Si l’étudiant reste chez lui, il peut avoir accès aux cours grâce à des preneurs de notes. «Chaque étudiant est unique et peut disposer de solutions sur mesures » assure Carine Rebouilla, directrice des services santé de l’Université Nice Sophia Antipolis. Bastien 23 ans est étudiant en Histoire à Nice. Il est diabétique et asthmatique chronique depuis sa naissance. « J’ai appris à vivre avec. » Il habite seul depuis peu et doit s’astreindre à une hygiène de vie la plus saine possible. Pas toujours facile pour cet étudiant… « Mon diabète et mon asthme font partie de moi, mais je ne me réduis pas à ça : j’ai trop longtemps été défini par mes maladies. Alors que malgré elles, j’ai une copine, des potes, je vais en boîte.» Le climat peut se révéler être source de problèmes. Tess a 22 ans. Elle a déménagé dans le nord de la France pour ses études mais aussi pour ne plus « subir » le climat méditerranéen.

Elle souffre d’une ichtyose. C’est une maladie génétique qui rend sa peau extrêmement sèche et rugueuse allant jusqu’à former des écailles. A cause de cette pathologie elle ne peut pas transpirer. Elle a donc l’impression de suffoquer à cause de la chaleur. « En fait, l’hiver ça allait, mais dès que la chaleur revenait ça devenait problématique. Et puis tout le monde est tout le temps en short, moi je ne peux pas me permettre d’en mettre. » La maladie de Tess est visible, mais toutes les maladies ne le sont pas. C’est le cas de la séropositivité de Marion. L’annonce à ses proches de sa maladie n’a pas été facile. « Par contre quand je rencontre des nouvelles personnes, ce n’est pas évident de leur en parler. J’ai quand même envie qu’ils connaissent cette partie de moi, mais le dire c’est toujours prendre le risque que l’attitude de la personne en face change.» Il est vrai que si souvent ces jeunes se confient à leurs proches, leurs camarades ou leurs collègues n’en savent pas long sur leur maladie. « A la rentrée quand je suis arrivée sur la Côte d’Azur et que j’ai changé d’école, je me suis demandé si j’allais en parler. Finalement je ne l’ai dit qu’à deux nouveaux potes parce que je savais qu’ils réagiraient bien. » Pour Alain Percivalle, psychologue « il faut savoir mettre des mots sur la situation » pour pouvoir mieux l’appréhender. Avoir vingt ans et être malade, c’est aussi devoir se plier à des contingences : aller chez le médecin, prendre des médicaments, voir un psychologue. Ces contraintes, ils les acceptent avec le sourire : « Avec mon VIH je dois avoir la santé et le rythme de vie qu’on devrait tous avoir : boire avec modération, pas de cigarettes ni de drogues, rapports sexuels protégés. Les gens devraient prendre exemple sur les séropositifs ! »

*Source Crips : Centre Régional d’Information Prévention du Sida

« Ma vie en doses »

Mariama, 20 ans et dépressive.

Costy« J’ai vingt ans et je suis suivie pour une dépression clinique. Il y a trois ans je suis arrivée en France pour mes études. Entre l’éloignement de ma famille (restée en Ethiopie), et ma nouvelle vie à laquelle je n’arrivais pas à m’habituer, j’ai sombré. J’ai arrêté d’aller en cours, de voir mes amis, bref je déprimais. Un étudiant en psycho m’a poussée à aller voir un psychologue et je lui en suis vraiment reconnaissante. Actuellement je suis sous antidépresseurs, c’est une béquille j’en suis consciente. Le vrai remède c’est la thérapie. J’ai de la chance de ne pas avoir une maladie chronique, de pouvoir me soigner. Alors j’essaye de retrouver la vie normale d’une fille normale de vingt ans : passer du temps avec mes amis, retourner en cours, sortir avec mon copain, faire la fête, ça aussi ça fait partie de ma thérapie. »

Alexia Samuel, Lucile Dalmasso et Yema Lumumba

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