La césure, Aubaine ou mirage ?

La césure, le break, l’année sabbatique ou encore le gap year est un concept qui nous vient directement des pays anglo-saxons. Rite de passage quasi-obligatoire aux États-Unis, la césure fait en revanche en France, autant de réticents que d’envieux.

On se souvient tous de l’histoire de Xavier dans L’auberge espagnole de Cédric Klapish : les démarches administratives sans fin, le mal du pays, la barrière de la langue –au début-, et puis les aventures qui s’enchaînent, les amitiés que l’on crée, les souvenirs indicibles… Prendre une année sabbatique est généralement synonyme d’épanouissement personnel et de bol d’air. Car quinze ans passés sur les bancs d’école, c’est long. Pour les étudiants en mal d’aventure, plusieurs alternatives existent. Partir tout seul est possible mais mieux vaut demander de l’aide pour ne pas être perdu dans toutes les démarches à entreprendre. Des Missions locales peuvent aider. Pour les étudiants qui ont peur de la solitude, le service civique leur donne l’opportunité d’inscrire sur leur curriculum vitae l’expérience d’une mission humanitaire rémunérée. De nombreux organismes sont également dédiés au système «au pair ». Le principe ? Devenir la nourrice de bambins à l’étranger. La famille d’accueil héberge et donne de l’argent de poche. Ces organismes se chargent de mettre en relation etudiants et famille. Clarisse, 18 ans, fille au pair à Sydney depuis septembre, est passée par le biais de deux organismes pour trouver la famille parfaite, non sans mésaventure. « J’ai d’abord fait ma demande à « Ozaupair » mais ils ne prenaient pas du tout en compte mes attentes. J’ai finis par m’inscrire sur « aupair-word ». Cette fois-ci fut la bonne ».

"L’année de césure est également un réel atout linguistique."
« L’année de césure est également un réel atout linguistique. »

Comme bon nombre d’étudiants Clarisse a décidé de partir juste après son bac littéraire qu’elle a passé en région parisienne. Partir en césure est le moyen de trouver sa voie ou de patienter si l’on n’a pas obtenu de place dans l’université de son choix. L’après- BTS, d’une durée de deux ans, ou entre la licence et un master sont les moments généralement privilégiés par les étudiants pour se ressourcer. L’année de césure est également un réel atout linguistique. Elle est d’ailleurs promue en école de commerce et est en passe de devenir un rituel. On en parle peu mais la réalité du pays d’accueil est parfois différente du fantasme que l’on s’en fait. En Angleterre, par exemple, les employés ont beaucoup moins de droits qu’en France. « Moi, j’ai de la chance mais je connais des personnes qui, pour la même période que moi, ont connu quatre jobs différents » avoue Dominique, une ancienne étudiante de 25 ans, originaire d’Auxerre, qui a passé 7 mois à Londres. Confort primaire, mal du pays et même « malbouffe anglaise», la césure peut être mal vécue.

Ismaèl, cannois, en cinquième année d’école de commerce à Skema de Paris est dans ce cas. « J’ai l’impression de stagner, de m’abrutir. » Il est impatient de retourner en cours. A contrario, c’est le retour à la réalité qui peut s’avèrer difficile. «J’ai l’intention d’aller en fac de psycho à mon retour. Ça m’angoisse car ici j’ai une vie de rêve. L’année prochaine je vais avoir le droit à mon lot de trois heures quotidiennes de métro », confie Clarisse. Il n’est pas rare que certains perdent leur motivation première et décident de faire perdurer le voyage… William, 27 ans, n’était parti que pour un an en Australie, à la fin de son BTS Management des Unités Commerciales fait à Dijon. Il y restera finalement quatre ans ! Finalement, comme pour le départ, en ce qui concerne le retour de césure, tout est question de volonté.

« Une expérience humaine. »

Aubaine ou mirage1Jean-Daniel, 20 ans, étudiant en Sciences Politiques.

Il a passé 7 mois à Bangalore (Inde) pour faire un stage dans une compagnie de Social Gamming, « La première semaine a été la plus dure » Nouveau climat, nouvelle culture et la langue qui fait barrière. Un an après, avec le recul suffisant, cette expérience lui a appris le dépassement de soi et l’a confirmé dans son envie de lutte contre les injustices. « Là tu comprends la limite du système du profit, finalement c’est l’humain avant tout ». Le système de castes tacites en Inde est le souvenir qui l’a le plus marqué. « J’avais l’impression de ne pas réaliser ce que je vivais, même à l’autre bout du monde, t’es toujours le même. »

« L’humanitaire comme prétexte. »

Théo AfriqueThéo, 20 ans, étudiant en journalisme.

Il est parti trois mois au Cameroun au sein de l’association DEFAP « L’humanitaire était plutôt un prétexte. A 19 ans, je n’étais plus sûr de vouloir être journaliste et j’avais vraiment envie d’aller en Afrique ». Là-bas, il s’est senti totalement dépaysé : la culture, les gens, le rythme, tout est différent. Après avoir travaillé dans un dispensaire camerounais, le retour a été maussade.

« Il a fallu se réadapter, faire face au contre-coup. J’ai été mélancolique quelque mois après mon retour. Les gens de couleur me manquaient » avoue-t-il dans un éclat de rire.

Luis est un jeune américano-mexicain venu faire 6 mois de césure à Cannes.

Luis Aubaine«Mon école, aux Etats-Unis, demande à ce que l’on fasse ce genre de choses. Après c’est à nous de voir où, et comment.» Ce garçon passionné par le cinéma n’a aucun mal à exprimer son choix. «La France c’est Paris, c’est Cannes, c’est le festival du film… C’est un pays magnifique avec des personnes vraiment ouvertes. Si je pouvais rester, je le ferais, mais je n’ai pas d’assez d’argent pour ça. »

La césure en 5 conseils pratiques

1) Bien choisir sa destination en tenant compte de la saison du pays d’accueil.

2) Etablir un budget prévisionnel qui comprend les frais de transports, d’hébergement ainsi que les dépenses du quotidien.

3) Demander son visa. Dans le cadre d’une année de césure hors-Europe, un Visa Vacance-Travail peut être la formule la plus simple. Pour y souscrire vous devez avoir entre 18 et 30 ans, avoir un passeport, une assurance maladie et disposer d’un capital voyage minimum de 3 600 euros.

Toutefois, le Visa Vacance-Travail ne fonctionne pas pour toutes les destinations.

4) Vérifier les vaccins obligatoires. Il est préférable de faire tous les vaccins conseillés et de tenir compte de la fréquence des vaccinations qui sont différentes en fonction du pays d’accueil et de la durée du voyage.

5) Enfin, informez-vous auprès de votre banque et de votre assurance. Il faut que votre banque soit au courant de votre départ afin de s’assurer qu’elle couvre la zone géographique d’accueil et qu’elle vous renseigne sur les conditions d’utilisation de votre carte bancaire à l’étranger. Avant votre départ, il peut être intéressant de souscrire à une assurance voyage qui vous couvre en cas de frais médicaux, d’annulation de vol ou de perte de bagage.

Top 3 des destinations préférées des jeunes Français pour une césure en 2012

1) L’Australie

1, 6 millions de jeunes voyagent en Australie chaque an. L’héliotropisme, le climat de sécurité, les facilités pour avoir un visa et les possibilités d’emplois sont les principales raisonsde son attractivité. Le pays a même étendu la période de séjour autorisée d’un à deux ans et propose chaque année aux étrangers un concours pour décrocher un « job de rêve ».

2) La Nouvelle-Zélande

Entre volcans, montagnes enneigées, geysers bouillonnants et forêts tropicales, La Nouvelle- Zélande attire grâce à la grande diversité de ses paysages.

3) L’Asie

Si l’Asie est autant prisée par les gap travellers, c’est parce qu’elle offre une expérience culturelle inédite. La richesse des civilisations et le faible coût de la vie pour l’Inde, la Thaïlande, La Malaisie sont des facteurs déterminants. Les voyageurs se tournent aussi vers le Japon car les opportunités d’emploi y sont plus nombreuses.

Mathilde Deslogis, Méline Escrihuela et Charlotte Palau.

2 réflexions sur “La césure, Aubaine ou mirage ?

  1. Il faudrait peut être arrêter d’appeler les noirs  » les gens de couleurs » , dire simplement les camerounais me manquaient.

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