À l’ère du numérique, bloguer, en vers, pour dénoncer

La raison première qui a poussé le Centrafricain Johnny Vianney Bissakonou à commencer un blog en 2006 était l’envie d’exprimer ses pensées ailleurs que sur des bouts de papiers au format timbre.
Au début, jvb-envers.over-blog.com est un moyen de s’exprimer, en vers, sur différents thèmes : le sida, les enfants-soldats, les coups d’Etat. L’esthétique des vers l’attire car « c’est un moyen d’allier le fond et la forme.« 

Bangui, capitale de la République de Centrafrique (photo DR)

Bangui, capitale de la République de Centrafrique     (photo D.R.)

 

Le fond, il le puise dans son pays, la République centrafricaine car Johnny est aussi journaliste à la radio Ndèkè-Luka à Bangui. Cela lui donne d’ailleurs une assurance supplémentaire en tant que blogueur. C’est aussi ce qui lui a permis récemment de sortir de l’anonymat sur son deuxième blog rcainfo.mondoblog.org : « Je sais que je peux compter sur la population. »

A la suite d’un concours de l’Atelier des médias de RFI  en 2010, il est sélectionné pour faire partie des 150 blogueurs de la plateforme Mondoblog. Depuis, il traite de « l’actualité centrafricaine décalée. » Cette posture permet à Johnny de s’élever « un peu au dessus de la masse » car il ne répond à aucune ligne éditoriale. C’est un atout actuellement, car la liberté de la presse en Centrafrique, «  c’est super compliqué » : pour ne pas froisser le nouveau gouvernement en place depuis le coup d’Etat du 24 mars 2013, on ne parle plus des exactions de la Séléka, coalition militaire maintenant au pouvoir. D’ailleurs officiellement, ceux qui commettent ce genre d’actes ne seraient plus des membres de la Séléka mais des « anciens membres » ayant appartenu à la Séléka.

Son activisme ne s’arrête pas à Internet ou à son métier de journaliste radio. Depuis peu, il s’engage avec l’ONG Invisible children qui lutte contre le phénomène des enfants-soldats dans toute l’Afrique centrale. En partenariat avec l’association, il forme des journalistes dans des radios communautaires aux techniques de productions de « come home messages ». C’est un moyen d’appeler les enfants enrôlés de force dans des milices à la défection et leur rappeler qu’ils ne sont pas seuls et qu’une réinsertion dans la société est possible.

Johnny Bissakonou, journaliste, blogueur engagé. (photo D.R.)
Johnny Bissakonou, journaliste, blogueur engagé. (photo D.R.)

Les sœurs de Johnny l’appellent parfois, lui disent de faire attention. Un de ses derniers posts raconte comment une grenade s’est retrouvée dans son sac à dos…
Pourtant sa détermination ne faiblit pas : « Je le fais pour donner l’écho de ce qui se passe tant à ceux au pays qu’à la diaspora ». Venu témoigner au colloque 4M  à Montpellier de l’importance du journalisme en ligne et de l’impact qu’il peut avoir, il continue son chemin en tant que blogueur pour « dire que chez [lui] ça va mal, dénoncer

 

Yema Lumumba

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