Lettre ou ne pas être

Un jeune anglais est sur le point d’accomplir un rêve totalement fou : écrire à la planète entière. Sur les 193 pays répertoriés par l’Onu, Toby en a déjà couvert 189. Et il ne compte pas s’arrêter là.

Chaque jour, c’est la même aventure. Toby Little, gamin anglais d’à peine cinq ans, rentre de l’école et fonce vers la boîte aux lettres. Et son facteur a de quoi en perdre la tête. Depuis un peu plus de quatre mois, il a reçu pas moins de 73 courriers ! Les derniers en date portent les timbres du Swaziland, de la Hongrie ou encore de Trinité-et-Tobago. Son histoire, elle, a débuté il y a quelques mois. Un jour, Toby rentre de l’école avec un livre à lire : A letter to New Zealand. Signée Alison Hawes, l’œuvre relate une correspondance entre deux enfants. Un déclic pour l’Anglais. Toby, qui ne rêve que de découvrir le monde, demande à sa mère s’il est possible d’écrire à quelqu’un en Nouvelle-Zélande. Puis, rapidement, il pense plus grand. « Immédiatement après, il a demandé s’il pouvait envoyer une lettre au monde entier » raconte Sabine, sa mère.

Toby Little, gamin anglais d’à peine cinq ans, écrit à la planète entière.
Toby Little, gamin anglais d’à peine cinq ans, écrit à la planète entière. D.R.

« Que peux-tu me dire à propos de Jeanne d’Arc ? »

D’abord surpris, ses parents font tout leur possible pour satisfaire les envies de leur progéniture : « Nous n’étions pas partis en vacances l’été précédent. En quelque sorte, c’est le monde qui est venu à nous. » Toby envoie sa première lettre en mai, à Hawaï. L’heureuse destinataire s’appelle Patricia : « A l’époque, on ne pensait pas que le projet irait si loin ! » se souvient Mrs. Little. 262 enveloppes suivront. A l’heure actuelle, le jeune anglais a couvert la quasi-totalité de la mappemonde. Sur les 193 pays ainsi répertoriés par l’Onu, il ne lui reste que quatre courriers à envoyer : deux en Afrique (Gabon, Guinée-Bissau), un en Europe (Saint-Marin) et un autre en Océanie (Tuvalu).

Les parents de Toby se chargent de trouver des correspondants, en s’assurant via un premier contact par mail qu’un échange est bien possible. Puis, c’est à Toby d’entrer en scène. « Il arrive avec ses propres questions » explique sa mère : « Généralement, on tape le nom du pays sur Google et on regarde les images. Ensuite, on clique sur tout ce qui plait à Toby. Cela peut-être un bâtiment, une créature ou une sculpture, peu importe. » Ainsi, aucun courrier ne ressemble aux autres, chaque message est personnalisé. Juliette, sa correspondante française résidant à Marville (Meuse), a donc pu lire : « Que peux-tu me dire à propos de Jeanne d’Arc ? ». Kieron (Chili), qui a reçu sa lettre deux mois après son envoi, a pour sa part eu droit à un : « As-tu déjà vu un chinchilla ? ».

Egypte, Galapagos et Népal

Suivies par près de 4 700 personnes sur Facebook, les aventures de Toby connaissent un engouement croissant. Sur conseil d’un ami, la famille a donc décidé de pousser le projet encore un peu plus loin, en s’alliant à une organisation caritative : ShelterBox. Une page, où il est toujours possible de faire des dons, a été créée. L’objectif ? Réunir assez de fonds pour financer l’envoi d’une des « box » en question, censée faciliter la vie dans les pays pauvres*. Au-delà de ses espérances, le jeune bienfaiteur a déjà réuni assez d’argent pour en financer deux. Mieux que ça, l’éditeur du fameux A letter to New Zealand a promis de lui en offrir une troisième !

Toby, qui rêve de rencontrer une tortue et de visiter l’Egypte, les îles Galapagos et le Népal, ne sait pas encore si il s’arrêtera un jour. « Il nous a dit qu’il pourrait recommencer une nouvelle fois avec tous les pays, ou s’arrêter s’il se lasse. Nous recevons énormément de messages, beaucoup de personnes souhaiteraient correspondre avec lui. » Quoi qu’il en soit, et même si le projet « Writing to the World » prend fin, Toby semble avoir un destin tout tracé. Un destin fait de voyages et de nature : « Il a toujours dit qu’il voulait être paléontologiste, ou expert en fossiles. Plus récemment, il nous a parlé du métier d’archéologue, mais il pourrait aussi se diriger vers la protection des animaux… Il décidera quand il sera prêt ! »

Yann Soudé

*Une shelterbox contient, entre autres, un nécessaire pour construire un abri, des outils, des couvertures ou encore un système de purification des eaux.

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