
Étiquettes
Nouveaux rythmes scolaires : une réforme qui dérange
Invité au Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro dimanche 17 Novembre, le ministre de l’éducation Vincent Peillon reste déterminé à appliquer sa réforme sur les nouveaux rythmes scolaires. Raccourcir les journées d’apprentissage tout en allongeant l’année scolaire pour soulager les élèves semble logique et pourtant seulement 22,3% des élèves ont changé de rythmes scolaires à la rentrée 2013, plus des trois quarts des communes françaises ayant demandé le report de la réforme à la rentrée prochaine.
Pourquoi autant de réticences à la semaine de 4,5 jours ? Les enfants seront-ils vraiment exténués à cause d’une matinée d’école supplémentaire ? 41% des professeurs des écoles sur l’ensemble de la France ont manifesté le jeudi 14 novembre, selon le Ministère de l’Education Nationale. 50 maires appellent au boycott de la réforme de Vincent Peillon.
Pourquoi changer les rythmes de l’école en France ?
« Avec la réforme, le nombre de jours d’école passera à 180 par an. Principal bénéfice : l’aménagement de 36 matinées de plus pour apprendre. Aucune heure de temps scolaire n’est enlevée ou ajoutée : les élèves ont toujours 24 heures par semaine en cours, mais avec un meilleur temps pour apprendre. » ou encore : « Avant la réforme, seuls 20 % des écoliers avaient accès à des activités sportives, culturelles ou de loisirs. Avec la réforme, 80 % des écoliers y participeront. Ainsi chaque enfant, quelles que soient son origine sociale ou les ressources de sa famille, peut accéder à des activités artistiques, sportives, des ateliers de langue vivantes ou de jeux de société… » peut-on lire sur le site du gouvernement. De toute évidence, revisiter le temps scolaire en France reste cependant une priorité pour le ministère de l’Education. Et pour cause : les rythmes de l’école française sont concentrés sur un nombre de semaines et de jours très inférieur à la moyenne européenne. Conséquence : la journée scolaire est plus chargée en France que dans la plupart des pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). La moyenne OCDE étant de 187 jours par an au primaire comme au secondaire, la France fait partie des pays où la scolarité est plus dense avec seulement 140 jours d’école à l’école primaire. Au premier abord réformer la quantité de jours d’école semble légitime. Ces » nouveaux rythmes scolaires pour mieux apprendre à l’école » comme l’explique le site du gouvernement en ce qui concerne les élèves en primaire vise à » mieux répartir les heures de classe sur la semaine, à alléger la journée de classe et à programmer les enseignements à des moments où la faculté de concentration des élèves est la plus grande. » Mais bien sûr tout n’est pas aussi simple. Que se cache-t-il derrière ces nouveaux temps scolaires français ?

En France, à peine un quart des communes ont décidé d’appliquer la réforme des nouveaux rythmes scolaires la rentrée 2013. 50 maires ont décidé de boycotter sa mise en place en janvier 2014. (Julio Pelaez / Le Républicain lorrain/Maxppp)
Les hics de la réforme
Un des problèmes principaux est le financement de cette réforme par les communes. Pendant le Congrès des maires de France, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault n’a pas su apaiser les tensions. Les maires sont en colère. Michel Herieau, maire de La Chapelle-Hermier, une petite commune de Vendée qui compte deux écoles, affirme : » Pour financer à 100% la réforme, la municipalité pourrait être amenée à augmenter les impôts locaux de 7 à 8%. » , selon des propos recueillis sur le Figaro.fr.
Et pourtant, selon un sondage fait par l’Association des maires de France (AMF) quatre communes sur cinq, parmi les 3852 communes à avoir appliqué la réforme des nouveaux temps scolaires à la rentrée 2013, se disent satisfaites. Cependant 77% des élus interrogés avouent avoir eu des difficultés pour financer la réforme. Bien que l’enquête affirme que la participation aux ateliers est « massive » avec plus de 85% de fréquentation déclarée par une commune sur deux, les maternelles sont en difficulté. Dans la section des plus petits, où les enfants exigent davantage d’encadrement, le manque d’infrastructures et de personnel consacré à l’animation pose un véritable problème. Les zones rurales sont également mal en point. La secrétaire générale déléguée de l’UMP Valérie Pécresse le rappelle dans une interview pour RTL : « Quand on est maire d’une petite commune rurale ou d’une ville populaire, on n’aura pas les moyens de donner l’encadrement périscolaire digne des enfants qu’on accueille et donc il y aura des injustices criantes entre les enfants, dans les différentes communes. C’est inacceptable ! » Rappelons que le gouvernement de Nicolas Sarkozy avait pour projet de lancer les nouveaux rythmes scolaires mais ne l’a jamais fait. « Si on n’a pas lancé cette réforme [sous Nicolas Sarkozy], c’est qu’on n’était pas prêt sur sa mise en œuvre et le gouvernement est en train de le démontrer », explique Luc Chatel, l’ex-ministre de l’Education Nationale sur la chaine LCP.
La colère des maires
Une cinquantaine de maires, principalement de droite, appellent au boycott de la réforme des rythmes scolaires. Christian Estrosi, maire de Nice et Bernard Brochand, maire de Cannes font partie du collectif des élus réfractaires, soutenu par Valérie Pécresse. Le principal problème pour ces élus réfractaires est le financement des nouveaux rythmes scolaires. Pour Bernard Brochand « C’est juste impossible. » Le député-maire explique que le coût d’un service périscolaire « de qualité » sera compris entre « 1,5 et 2,7 millions d’euros ». De plus, toutes les mairies de la Métropole Nice Cote d’Azur restent solidaires au refus d’Estrosi d’appliquer le décret instaurant un nouveau temps scolaire. Dans les Alpes-Maritimes, seules trois communes ont adopté la semaine de 4 jours et demi dont Valbonne, Mouans-Sartoux et Le Broc.
Lora Goleminova