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La grogne de Fauve
Avec un nom inspiré du film « Les Nuits fauves » de Cyril Collard, le collectif Fauve remplit les salles avant même la sortie de son premier album.

Fauve en concert. Son symbole est le égal barré, qui signifie « différent de ». (Crédit photo :D.R.)
Un ovni en France
Quentin Postel, Pierre Cabanettes, Simon Martellozo, Stéphane Muraire et Nicolas Dardillac. Ces jeunes Parisiens de 27 ans sont les instigateurs de Fauve. Ce collectif voit le jour en 2010 et ne se définit pas comme un groupe. Pas de maison de disque, mais une structure home-made appelée « Fauve corp » dont la distribution est assurée par Warner. Dans une interview réalisée par les Inrocks, Fauve donne les raisons de ce choix particulier : « Les labels acceptaient tout ce qu’on voulait. Mais on avait envie de se dire qu’on pouvait encore tout faire seuls, pour aller jusqu’au bout de l’histoire ».
Les cinq garçons plaquent leur vie professionnelle pour se consacrer entièrement à la musique. « Blizzard » sort en mai 2012. C’est un Extented Play, un petit album composé de six titres dont « Nuits Fauves ». Des paroles crues, lucides, cyniques qui annoncent la couleur du groupe.
« C’est un peu à cause de tout ça si tous les soirs c’est la même histoire.
Métro apéro lexo clopes et films pornos à l’ancienne
Sur lesquels tu t’entraînes rageusement
Même si ça fait longtemps que ça t’amuse plus vraiment.
Mais il faut pas que tu désespères.
Perds pas espoir.
Promis juré qu’on la vivra notre putain de belle histoire. »
(Nuits Fauves)
Ces quelques morceaux cartonnent sur le net. Tous les concerts sont complets. Fauve fait du « spoken word » (Ouest France), un mélange de slam de Grand Corps Malade et de flow hip-hop.
Si on évoque Radiohead, Daft Punk, on pense directement anonymat. C’est aussi le cas pour ce groupe hors-norme. Fauve ne veut pas apparaître dans les médias. Même si quelques clichés circulent sur Internet, on est bien loin de la médiatisation des chanteuses pop américaines Miley Cyrus ou Rihanna.
Un premier album très attendu
Après son énorme succès sur le web, le premier album de Fauve « Vieux Frères-partie 1 » est dans les bacs depuis le 3 février. 11 titres : de « Voyous » à « Loterie », le collectif dicte ses déceptions, ses espoirs, son mal-être social : « FAUVE rêve de baiser les rapports humains baisés, de défaire son défaitisme, de haïr sa haine, d’avoir honte de sa honte, d’enculer le BLIZZARD, de réparer ses erreurs et de trouver l’Amour. » C’est ce qu’on peut lire sur leur site. Le thème est clair : la sortie du tunnel, la fin du blizzard. Fauve en dit plus aux Inrocks : « L’album parle de ça : raconter une belle histoire, pour en laisser une trace. » Un album provocateur ; à travers les clips, la réalité est montrée brutalement. Des images sans artifice, notamment dans « Jeunesse Talking Blues ».
Le groupe sortira la deuxième partie de « Vieux frères » en fin d’année.
Des avis partagés
Fauve n’est pas de tous les goûts. Le Figaro : « La presse a beau avoir salué tout cela comme le truc le plus génial depuis l’invention du grille-pain, sur les réseaux sociaux, ça se bidonne sec. ». Konbini : «La révolte de Fauve semble adolescente, naïve, comme une simple manière de meubler le vide. Ou simplement inutile ». Et depuis « Vieux Frères », Fauve divise davantage. Les paroles parfois trop violentes peuvent déplaire à certains plus attachés au rythme et à la musicalité d’un morceau. Sans les paroles, il est vrai qu’un titre de Fauve ne tiendrait pas la route. C’est également l’avis de Charles Gautier du Nouvel Observateur. Mais c’est aussi cela la beauté de Fauve : des paroles tranchantes et aussi percussives qu’une batterie.
Même s’ils déplaisent, ils ne laissent pas indifférent. « Un cas historique en France », pour les Inrocks.
« Vieux Frères-Partie 1 », l’album entier à écouter
GYOTIS DELSART
Article à retrouver sur Dailymodeart