Polygone Riviera : les commerces du centre-ville cagnois menacés

Avec ses 150 boutiques annoncées et sa configuration à ciel ouvert, le centre commercial Polygone Riviera, qui ouvrira en périphérie de Cagnes-Sur-Mer en octobre 2015, a des atouts. Mais du côté des commerçants du centre-ville cagnois, le mastodonte du prêt-à-porter et des loisirs inquiète.

Présenté comme le 1er « lifestyle mall » de France, Polygone Riviera viendra dès cet automne concurrencer le Cap 3000 de Saint-Laurent-du-Var et le futur Nice One de la pleine du Var à Nice. Pour un coût total de 350 millions d’euros, Polygone Riviera proposera une surface commerciale de 70 000 mètres carrés, légèrement supérieure à celle actuelle de Cap 3000. Le projet de centre commercial mené par les entreprises Socri et Unibail-Rodamco, qui englobe un multiplexe cinématographique, compte se différencier de ses concurrents grâce à son concept architectural. Les boutiques, réparties dans quatre « quartiers », sont dispersés dans un univers végétal où sont actuellement plantés 1000 arbres.

« Cette nouvelle destination du shopping en famille, où le prêt-à-porter, l’art et les loisirs se côtoient » devrait permettre la création de quelque 1500 emplois, annonce dans Nice-Matin Jérôme Jacques, directeur de Polygone Riviera. Avec ce centre commercial d’envergure, Cagnes-sur-Mer s’assure une importante visibilité et des perspectives économiques inédites. Au détriment de la pérennité des petits commerces du centre ville ?

Polygone Riviera prend forme : ouverture prévue en Octobre. (Crédit Photo : Nicolas Faure) 
Polygone Riviera prend forme : ouverture prévue en Octobre. (Crédit Photo : Nicolas Faure)

« Les commerces, ce ne sont pas que des emplois, c’est aussi l’animation d’un centre-ville »

Jean-Antoine Burroni est opposant divers droite à la mairie de Cagnes-sur-Mer. Il reconnait la valeur architecturale du projet mais s’inquiète pour les petits commerces du centre-ville. « Avec Polygone Riviera, on crée en une seule fois autant de surface commerciale qu’il en existe actuellement à Cagnes-Sur-Mer. Des commerces du centre vont mettre la clé sous la porte. » M. Burroni déplore l’absence de réflexions en parallèle du projet pour redynamiser le centre-ville : « Les commerces, ce ne sont pas que des emplois, c’est aussi l’animation d’un centre-ville. On aurait pu diversifier les commerces, les rendre plus attractifs, établir des zones de stationnement plus importantes ». Le maire UMP Louis Nègre n’abandonne par pour autant le centre de Cagnes-sur-Mer. La galerie marchande y a été rénovée récemment, pour 4 millions d’euros. « C’est une bonne initiative, mais la galerie est restée à l’identique, sans commerces aux alentours. Et puis elle est fermée l’après midi, ce qui rend la zone morte » déplore le conseiller municipal.

La galerie commerciale située Place du Général-de-Gaulle peine à trouver sa clientèle. (Crédit Photo : Nicolas Faure)
La galerie commerciale située Place du Général-de-Gaulle peine à trouver sa clientèle. (Crédit Photo : Nicolas Faure)

Le centre commercial à ciel ouvert, situé à l’entrée Nord de la ville, devrait attirer une clientèle nombreuse, dont des touristes. Un surplus de visiteurs pour Cagnes-sur-Mer dont ne profiterait pas vraiment le centre-ville. C’est en tout cas le sentiment de ses commerçants : « J’aurais préféré un centre commercial plus petit, mais en centre ville, comme à Aix-en-Provence par exemple » nous confie Monique Perone, gérante de la boutique « Au village », située dans la galerie commerciale Renoir, en plein cœur de Cagnes-sur-Mer. « Lorsque Cap 3000 a ouvert ses portes, Saint-Laurent du Var s’est endormie, j’ai peur qu’il arrive la même chose à ma ville » ajoute la commerçante.

Les petites boutiques de prêt-à-porter en danger

Polygone Riviera devait, dans le projet initial, accueillir plus d’espaces de loisirs (un bowling a longtemps été évoqué) et une majorité d’enseignes spécialisées dans l’ameublement, le jardinage ou encore les produits culturels. Mais ce sont finalement les boutiques de prêt-à-porter qui y seront majoritaires : Primark, Zara, Superdry, Desigual, Mauboussin, Eleven Paris, Massimo Dutti ou encore Zadig & Voltaire représentent le prêt-à-porter, du premier prix aux marques de luxe. Le Printemps, concurrent des Galeries Lafayette s’étendra sur 9 000 m2.

Le centre commercial à ciel ouvert accueillera de nombreuses marques de prêt-à-porter. (Crédit Photo : Nicolas Faure)
Le centre commercial à ciel ouvert accueillera de nombreuses marques de prêt-à-porter. (Crédit Photo : Nicolas Faure)

Des marques prestigieuses qui inquiètent Claudine Duchatelard. Gérante de Jamar, boutique de prêt-à-porter homme en centre-ville, elle a fait partie du groupe de commerçants de Cagnes appelé à participer aux délibérations sur Polygone Riviera : « Le projet est complètement différent de celui présenté au début, on est aujourd’hui sur un Cap3000 de luxe, ce qui est très compliqué à gérer pour nous, petites enseignes indépendantes ». La commerçante s’inquiète de la possible fermeture des boutiques du centre : « Depuis deux ans, des boutiques ferment alors que très peu ouvrent. Si au centre-ville, la concurrence s’amenuise dans le prêt-à-porter, le client, même cagnois, va directement aller à Polygone Riviera ». L’enseigne Jamar tente de se différencier grâce à un traitement personnalisé de la clientèle mais sa gérante le concède, « le prêt-à-porter du centre-ville risque de ne pas survire très longtemps. Ici les fonds de commerce ont chuté de moitié depuis dix ans ». Un dur constat pour les petits commerçants de la région cagnoise, qui risque de ne pas s’améliorer dans les prochaines années. Cap3000 bénéficiera d’une surface commerciale de 30% supplémentaire à l’horizon 2018.

Loris Bavaro 

Nicolas Faure

2 réflexions sur “Polygone Riviera : les commerces du centre-ville cagnois menacés

  1. Il est regrettable effectivement que ces grands complexes non seulement vident les centre ville de leur substance mais d’autant plus quand cela favorise des marques déjà surreprésentées et qui vont donc vers l’uniformisation des biens de consommation au détriment des plus petites marques, des petits artisans et notamment dans le prêt à porter qui est un fer de lance de la culture française et du bon goût.

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