« Hier, j’étais un gobelin »

La plupart du temps, Claire Masquelier est une étudiante de 22 ans comme les autres. Mais dès que l’occasion se présente, elle enfile sa cape pour participer à des jeux de rôles grandeur nature. L’apprentie ingénieure lève le voile sur ce hobby insolite pour les lecteurs de Buzzles.

Le jeu de rôle grandeur nature est connu sous le nom de « GN ». C’est un divertissement où les participants se déguisent et jouent un rôle dans un monde imaginaire (post-apocalyptique, futuriste, cyberpunk, renaissance, médiéval-fantastique ou encore western, avec des pirates, des zombies, des elfes, etc). Un scénario de départ est préparé par les organisateurs et les joueurs incarnent physiquement un personnage qui évolue au fur et à mesure de la partie. Un GN peut se passer en intérieur ou en extérieur, durer de plusieurs heures à plusieurs jours, et compter de 5 participants à 2000.

 

1
Claire Masquelier est passionnée de GN (Crédit photo : Elsa Hellemans).

Claire a découvert les GN en discutant avec une autre étudiante de l’université publique d’Angers. « J’étais avec trois copines quand elle m’en a parlé, elle nous a intriguées alors on a voulu essayé pour le fun », rit Claire.

Les amies se sont retrouvées dans une grotte de la région parisienne le temps d’un week-end de mai 2014 pour tenter l’expérience. « Je jouais un gobelin. Je me cachais dans des coins, je faisais des rires diaboliques et j’attaquais les autres personnages. On m’avait prêté des armes et un masque, j’avais fabriqué une cape et je m’étais peint le visage en vert. J’ai trouvé ça génial ! », s’exclame la jeune femme qui a recommencé à la première occasion.

2-2
Un personnge d’elfe au GN de Kandorya (Crédit photo : Bastien Santucci)

 

N’est-ce pas un milieu un peu… spécial ?

« Quand je dis aux gens :  » ce week-end j’étais un gobelin ! « , ils pensent que je suis tarée ! Mais je le fais parce que j’adore fabriquer des costumes et ça me donne une occasion de les porter ailleurs qu’au carnaval. »

SAMSUNG CAMERA PICTURES
Claire a fabriqué une plume de combat plus vraie que nature (Crédit photo : Elsa Hellemans).

Les jeux de rôles grandeur nature attirent des hommes et des femmes de toutes catégorie sociales et professionnelles, et de tous âges.  « Je me souviens d’un professeur de physique qui avait fabriqué une table d’alchimie électronique avec des LED de toutes les couleurs qui s’allumaient, c’était super! Mais il est vrai que la plupart des joueurs sont passionnés de jeux vidéo ou de séries. Ils aiment les univers fantastiques », précise l’Angevine.

Toutefois, les GN ne sont pas uniquement réservés aux Geeks, comme le prouve l’étudiante : « Moi par exemple, je ne joue pas aux jeux vidéo. J’aime les jeux de société et me déguiser et c’est ce qui me rapproche des autres participants. »

 « Si ça nous tente, il ne faut pas hésiter, il faut essayer. Par contre une fois qu’on a commencé, on ne s’arrête plus ! »

Comment essayer ?

Avant de devenir un « GNiste » (joueur de GN) confirmé, mieux vaut commencer en tant que PNJ  (Personnage Non-Joueur ou figurant). « Les PNJ se mettent à la disposition des organisateurs pour interpréter un personnage qui arrange le jeu. Souvent le matériel est fourni mais parfois il faut être un peu plus autonome », continue Claire.

SAMSUNG CAMERA PICTURES
Passionnée de bricolage, l’étudiante a utilisé du tapis de mousse, de la fibre de verre et du latex pour fabriquer sa plume de combat (Crédit photo : Elsa Hellemans).

Une foire Kandorya  est prévue du 12 au 16 juillet 2017 à St Georges sur Loire (49). L’univers de Kandorya est de style médiéval-fantastique, l’équipement est fourni pour les PNJ, et les tarifs vont de 20 à 35 euros. Un terrain de camping est mis à disposition pour planter les tentes décorées.

Il est important de bien préparer son séjour et de se renseigner sur les règles avant de s’inscrire.

Le guide du débutant de la fédération de GN est utile pour faire ses premiers pas.

5
Bataille pendant la foire d’été Kandorya 2016 (Crédit photo : Bastien Santucci).

 

Des GN avec plus de 1000 joueurs

Dans le Maine-et-Loire, le plus grand GN de France rassemble plus d’un millier de participants trois fois par an. La trame principale des chroniques de Kandorya évolue depuis six ans : « Nous étions 1700 au camp d’été 2016, il y avait des toilettes sèches, des douches, des décors, c’était très bien organisé », se souvient Claire. « Les batailles et discussions sont inventées par les joueurs qui font avancer l’intrigue de jour en jour ».

 « Il y a même des cérémonies de mariage et des enterrements »

« A Kandorya, j’ai été archiviste, baronne, mercenaire, chevalier ou encore diplomate. Je préfère les quêtes aux combats, car ça me fait trop peur !  Il faut savoir que si un personnage perd tous ses points de vie et qu’il n’est pas sauvé par un médecin il part au cimetière. Il y a des passionnés qui jouent le même rôle depuis des années et quand ça leur arrive ils doivent changer de personnage ! C’est triste, mais c’est le jeu », s’amuse la joueuse.

Découvrez en vidéo à quoi peut ressembler l’événement :

 « Chaque GN est différent et chaque participant le vit de manière différente. C’est vraiment une aventure »

Quel investissement ?

À titre d’exemple, les inscriptions en tant que Personnage Joueur au camp d’été 2017 de Kandorya, vont de 59 à 119 euros. Il faut s’inscrire au plus tôt pour payer le moins cher possible. À cela s’ajoute l’équipement. « Il faut énormément de temps et de patience pour fabriquer ses armes et ses costumes. Ceux qui ne savent pas coudre ou bricoler doivent tout acheter et ça revient très cher. C’est souvent ce qui freine les gens », reconnaît la joueuse.

Afin de ne blesser personne, une réglementation encadre la fabrication des armes en mousse. « Certains GN n’admettent que celles qui ont été achetées. Il y en a d’autres qui acceptent les armes faites à la main et qui vérifient les matériaux qui ont été utilisés. »

SAMSUNG CAMERA PICTURES
Claire prend beaucoup de temps pour fabriquer ses costumes et ses armes (Crédit photo : Elsa Hellemans).

Donc avant de transformer son garage en atelier de couture, « mieux vaut participer à un jeu de rôle grandeur nature en tant que PNJ pour se faire une idée », conseille Claire. Avis aux amateurs.

Elsa Hellemans

Laisser un commentaire