RIG Turquie #1 : la grande purge d’Erdogan: les universitaires

Le gouvernement turc mène une purge inédite à la suite de la tentative de putsch du 15 juillet 2016.

Une nouvelle vague de purge secoue la Turquie depuis le coup d’Etat avorté la nuit du 15 juillet 2016. Les autorités ont lancé une véritable traque aux responsables présumés de cette tentative de putsch. La responsabilité a été attribué à l’ex-prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis, et à ses sympathisants.

Initialement fixé pour une durée de trois mois le 20 juillet 2016, l’état d’urgence a été prolongé pour trois mois supplémentaires en janvier 2017. Il accorde des pouvoirs spéciaux aux autorités facilitant, entre autres, les licenciements des fonctionnaires et la suppression de médias.

Des médecins au policiers, aucun domaine n’a été épargné par les licenciements en masse. Des milliers de structures, universités, écoles, associations ou encore hôpitaux, considérés comme proches du mouvement guléniste ont également été fermés. Dernier épisode en date de la purge : lundi 3 avril les autorités turques ont démis de leurs fonctions 45 juges et procureurs.

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“La dictature n’aime ni la culture ni les universitaires”

Les milieux universitaires sont déjà victimes du gouvernement depuis quelques temps. Un épisode de purge les avait déjà touchés en janvier 2016 après le lancement d’une pétition d’universitaires qui appelait à la fin des opérations de l’armée contre la rébellion kurde. La tentative de coup d’Etat a ravivé la défiance du gouvernement à leur l’égard. En effet, depuis le 15 juillet, les chiffres de la purge des universitaires sont sans précédent, le gouvernement turc veut “épurer” les universités de tout organe non aligné sur les positions d’Erdogan.

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« La dictature n’aime ni la culture ni les universitaires”, c’est par ce constat que Loïc Ballarini, enseignant chercheur français, explique l’acharnement du gouvernement à l’égard des universitaires. Il a enseigné le journalisme à l’Université francophone de Galatasaray de 2012 à 2013, à l’époque où la méfiance du gouvernement envers les universitaires était déjà palpable. Il poursuit : “ceux qu’il faut faire taire en premier quand on veut instaurer une dictature ce sont les médias et ceux qui ont du recul, ceux qui font métier d’être critique, donc les universitaires passent assez vite à la casserole « .

Aujourd’hui, c’est aussi les jeunes étudiants qui en pâtissent. Les enseignants étant conscients des risques qu’ils encourent, une forme d’autocensure a gagné les universités, elle empêche les étudiants de recevoir une formation et des cours critiques et complets. “Je vois pas comment ce serait possible, il y a des profs dénoncés par leurs propres étudiants ou par leurs collègues donc on entre dans un système de surveillance de tout le monde par tout le monde où il devient extrêmement difficile d’avoir une parole libre”. Olivier Koch, enseignant chercheur français, est actuellement en Turquie, il enseigne à l’Université de Galatasaray depuis 2015. Même si son statut d’enseignant étranger lui permet, pour l’instant, d’être protégé, la position de ses confrères universitaires et de ses collègues de Galatasaray, en revanche, se détériore de manière inquiétante.

A côté des universitaires, les journalistes sont aussi victimes d’une purge particulièrement violente.

Djenaba DIAME

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