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Youtubeur, une profession précaire
Nouveau berceau d’emplois, YouTube en fait rêver plus d’un. Pourtant, la réalité du métier est différente.

Conférence sur « l’éthique du youtubeur » avec (de gauche à droite) Juris Planet, Absol Vidéos, Dany Caligula, Anthox Colaboy et Nota Bene. (© Sacha Virga)
C’est « un boulot qui peut s’arrêter du jour au lendemain », selon Mathieu de la chaîne Math se fait des films. Pourtant, en août dernier, ça ne l’a pas empêché de quitter son CDI dans une banque pour se lancer à plein temps sur YouTube. Un pari gagnant puisqu’il a dépassé la barre symbolique du demi-million d’abonnés il y a à peine un mois. Aujourd’hui il « gagne deux fois mieux sa vie » en étant youtubeur. Nombreux sont ceux qui, comme Math, ont fait le choix de l’aventure Youtube comme carrière professionnelle. De nombreuses conventions ont d’ailleurs vu le jour en France pour permettre à ces vidéastes de se rencontrer et de réfléchir à l’avenir de leur métier. C’est le cas du Play Azur Festival qui a eu lieu le 10 et 11 février à Nice.
« YouTube peut faire ce qu’il veut »
Président de la convention, Bastien Vergoni témoigne « assister à une très forte professionnalisation du métier de youtubeur ». Il nuance cependant et décrit une réalité difficile pour la plupart d’entre eux. « Beaucoup dépendent uniquement de la publicité » et donc de Youtube. La plate-forme omnipotente peut changer ses algorithmes, les revenus des publicités ou encore fermer une chaîne sans possibilité pour les vidéastes de contester ses décisions. En 2016, après que des annonceurs ont décidé de se retirer, « le site a décidé d’enlever une partie de la monétisation à certains des vidéastes ». Une situation difficile car plusieurs ont vu leurs revenus divisés par 10 ! Un contexte qui oblige à la prudence voire qui pousse certains à ne pas franchir le pas du professionnalisme.
« Si ça s’effondre, j’ai toujours une situation stable »
Ce choix de rester amateur et de faire les choses par passion est la décision d’Alexis, trentenaire et contrôleur de gestion dans un hôpital. Sa chaîne Absol vidéos compte à l’heure actuelle plus de 300 000 abonnés. Largement suffisant pour se lancer. S’il a décidé de garder son CDI, c’est avant tout car il n’a pas confiance en YouTube. « Demain, si ça s’effondre ou que ma chaîne ferme, j’ai toujours une situation stable ». Il n’est cependant pas pessimiste quant à l’avenir du métier. « Peut-être que dans quelques années, les lycéens feront des vœux post-bac pour rentrer en BTS – internet option youtubeur ».
Gwenaëlle Souyri
Adrian Remy