Un an après l’assassinat de Marielle Franco, où en sont les droits des femmes au Brésil ?

Le 14 mars marque l’anniversaire de la mort de Franco, cette militante brésilienne pour les droits de l’Homme, devenue symbole de la lutte féministe et politique. Avec Jair Bolsonaro maintenant au pouvoir, la lutte pour les droits des femmes s’annonce encore plus difficile qu’auparavant.

Des personnes se sont rassemblées à Sao Paulo le jour des obsèques de Franco pour lui rendre hommage. NurPhoto/NurPhoto via Getty Images

Franco, symbole de lutte politique même après sa mort

Il y a un an, Marielle Franco a été abattu par un tireur encore inconnu aujourd’hui, dans le quartier central d’Estacio. Elle venait de sortir d’une réunion sur le rôle de la femme noire dans la société brésilienne près de la mairie de Rio de Janeiro avant que la tragédie n’arrive. Cette sociologue et conseillère municipale était devenue une des figures les plus emblématiques du mouvement féministe à l’échelle internationale et en générale dans les luttes politiques de son pays. Jusqu’à son féminicide.

Femme noire, lesbienne, habitante d’une des favelas de la capitale brésilienne et défenseuse des droits humains ; Franco avait des prises de position qui lui attiraient souvent des ennuis. Elle dénonçait les violences policières et défendait une société plus juste économiquement mais aussi au niveau des sexes. Aujourd’hui, Amnesty International demande que la vérité sur cette affaire soit dévoilée. Le meurtre de Franco n’est pas seulement une honte, mais représente aussi tous les féminicides commis, et plus généralement comment les droits qu’elle défendait sont de plus en plus bafoués.

Les droits des femmes, des minorités sexuelles et raciales menacés sous Bolsonaro

Les droits des femmes englobent les droits humains en général. Alors quand la Commission interaméricaine des droits de l’Homme rapporte que quatre femmes sont tuées chaque jour au Brésil depuis le début de l’année, tout le monde est concerné. Notamment le président Bolsonaro.

Le Brésil atteint des chiffres graves quant à la violence dans le pays. Selon le rapport du forum brésilien sur la sécurité publique, le Brésil est devenu l’un des dix pays les plus violents au monde avec une moyenne de 31 homicides pour 100 000 habitants (le pays en compte aujourd’hui plus de 214 millions). Quant aux femmes, les meurtres ont augmenté de 6% en 2017 et au total 4 539 femmes ont été tuées, dont 1 133 ont été victimes de féminicide au Brésil. Malgré des lois récentes contre le harcèlement sexuel et les féminicides condamnables jusqu’à 30 ans de prison, la lutte semble avancer lentement au Brésil. Surtout avec Bolsonaro au pouvoir qui cible les autochtones, propage et nourrit des valeurs et propos sexistes, discrimine les communautés LGBT et défend la pénalisation de l’avortement.

La bataille semble rude pour les défenseurs au Brésil qui malgré tout résistent et manifestent en faveur de leurs droits. Le célèbre carnaval de Rio cette année a pris une tournure politique et symbolique autour de la question du harcèlement sexuel notamment. Le premier bloco féministe de Rio, Mulheres Rodadas, a défilé dans les rues en jouant de la musique et a distribué des guides sur le harcèlement sexuel pendant le carnaval. L’école de samba de Mangueira, a défilé avec la veuve de Marielle Franco, rendant hommage à l’activiste. Un acte fort qui rappelle tous les progrès qu’elle a souhaité apporter, et tous les obstacles qu’il reste à surmonter.

Monica Benicio, la veuve de Marielle Franco a défilé aux côtés de l’école de samba Mangueira lors du Carnaval pour rendre hommage à sa compagne décédée. Buda Mendes/Getty Images/AFP

Deux policiers ont récemment été arrêtés dans l’affaire du meurtre de Franco et de son chauffeur. Ils sont soupçonnés d’avoir planifié l’assassinat trois mois auparavant. À l’occasion de cet anniversaire, de nombreux brésiliens ont décidé de manifester jeudi et de rendre hommage à cette femme, symbole des droits humains.

Kimberley Lestieux