
Pourquoi Emmanuel Macron veut-il rouvrir les écoles dès le lundi 11 mai ?
La réouverture des crèches, des écoles, des collèges et des lycées le 11 mai apparaît comme l’une des annonces phares de l’allocution d’Emmanuel Macron ce lundi. Une décision vivement critiquée sur les réseaux sociaux par les membres du corps enseignant et de la communauté scientifique.
Crédit photo : Le Parisien
Relancer l’économie
La guerre sanitaire que nous menons serait-elle sur le point d’être gagnée ? Lundi dernier, Emmanuel Macron a déclaré que les écoles, crèches, écoles et collèges réouvriront « progressivement » à la levée (provisoire) du confinement le 11 mai. La machine économique, à l’arrêt depuis les premières mesures depuis il y a près d’un mois, va pouvoir se relancer. Or, cette machine économique, il n’est pas possible de la relancer si les parents doivent garder leurs enfants. Le ministre de l’économie Bruno Le Maire alerte sur le fait que « le PIB devrait reculer de 8% à cause de la propagation de l’épidémie ». Un constat partagé par le ministre des comptes publics Gérald Darmanin qui déclarait ce mardi que « chaque jour, chaque semaine de confinement aggrave les dépenses publiques ». Cette décision ne fait pas pour autant l’unanimité, notamment au sein de la communauté scientifique. Jean Paul Hamon, président de l’Association des médecins de France y voit une décision « prématurée » qui mettra en danger des millions de personnes. Même constat du côté des syndicats de l’enseignement qui déplorent « un manque de précautions » de la part du gouvernement.
Eviter de creuser les inégalités d’accès à l’éducation
C’est l’explication la plus évidente à la réouverture progressive des écoles, des collèges et des lycées. Depuis le 16 mars, ni élèves, ni étudiants, soit environ quinze millions de jeunes ne peuvent pas assister physiquement aux cours proposés par leurs enseignants. Quinze millions de jeunes pour qui il n’est pas toujours possible d’apprendre comme il se doit. Emmanuel Macron le reconnaît d’ailleurs dans son discours : « trop d’enfants, notamment dans les quartiers populaires, sont privés d’école sans avoir accès au numérique, et ne peuvent être aidés de la même manière que les professeurs par leurs parents ». Un constat que regrette Jean Michel Blanquer, qui affirme que 5 à 8% des élèves ont perdu contact avec leurs établissements respectifs. Pour compenser ces inégalités, le ministre de l’éducation a déclaré que le baccalauréat et le brevet des collèges seront délivrés au contrôle continu. Une mesure considérée comme « la moins mauvaise » par la majorité du corps enseignant, mais qui biaisera la valeur du diplôme. Les élèves en écoles privées, dont les barèmes de notation sont réputés sévères, risquent d’être désavantagés. La réouverture des écoles le 11 mai devrait permettre un retour à système plus ordinaire, même si Jean Miche Blanquer a d’ores et déjà annoncé qu’il était « hors de question d’avoir des classes dans la situation actuelle ».
Voir apparaître une immunité collective face au Covid-19
Le professeur Philippe Juvin, chef de service de l’hôpital Georges Pompidou à Paris, l’explique depuis le début de la crise sanitaire : « Il y a deux moyens de vaincre le coronavirus. Stopper sa progression en restant confiné chez soi, ou constituer une immunité collective ». Si le taux de contamination dépasse 60% de la population française, ces 60% seront immunisés, et il sera impossible pour le virus de continuer à circuler. La réouverture des écoles le 11 mai exposerait en théorie majoritairement les enfants et les adultes en bonne santé au Covid-19. Les personnes âgées et/ou vulnérables resteraient elles confinés pendant quelques semaines, voire quelques mois supplémentaires. Le taux de contamination augmenterait alors, sans pour autant engorger les hôpitaux. Le Québec, qui suit la même politique que celle d’Emmanuel Macron, explique par son directeur de la santé Horacio Arruda, que « les jeunes qui contracteraient la maladie ne présenteraient aucun symptôme, c’est comme si on les vaccinait ». En France, une adolescente de 16 ans est pourtant décédée du coronavirus, après avoir grandi en bonne santé. Elle n’est pas un cas isolé dans le monde, puisque quatre autres enfants sont morts en Europe le mois dernier des suites du virus. D’autant qu’il y a deux semaines, le directeur de l’institut national d’étude des maladies infectieuses aux Etats-Unis Arnaud Faucy mettait en garde sur la possibilité que le Covid-19 revienne par cycles saisonniers, de la même manière que la grippe chaque année.
Mathéo Girard