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Le parlement du Guatemala incendié par la population

Des pompiers tentent d’éteindre le feu qui ronge le parlement, tagué par des messages contestataires. Crédit photo : Johan Ordonez/AFP

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté pour réclamer la démission du président Alejandro Giammatei.

Les images, saisissantes, ont fait le tour du monde. Le 21 novembre, une foule de Guatémaltèques hurle pour réclamer la démission du président Alejandro Giammatei devant un parlement en feu et rempli de messages d’opposition au gouvernement. Depuis plusieurs mois, la population dénonce la mauvaise gestion de la pandémie de coronavirus (118 417 cas de contaminations et 4 074 décès selon les chiffres officiels) avec un manque de moyen accordés aux services hospitaliers. Mais désormais ce n’est plus le seul motif de gronde.

Le budget du gouvernement au cœur des critiques

Si la corruption du gouvernement est aussi avancée, le point de non-retour a été atteint avec l’aval donné par le gouvernement au plus important budget général de l’État de l’histoire du pays, pour l’année 2021. Sa valeur est estimée à 13 milliards de dollars. Ce budget va considérablement endetter le pays d’Amérique Centrale de 17 millions d’habitants alors que plus de 59 % de la population vit dans la pauvreté, aspect négligé selon les manifestants. Ces derniers se sont réunis samedi dernier à Guatemala City, la capitale, pour manifester contre le gouvernement en place. Une vingtaine de personnes a été interpellée quand une cinquantaine a été, elle, hospitalisée.

Des désaccords au sein même du gouvernement

L’approbation de ce budget contesté est due, en grande partie, à la présence quasi-exclusive dans le parlement de membres du parti au pouvoir et de partis apparentés. Pourtant, le président à des détracteurs jusque dans sa garde rapprochée. Dans un message adressé à la nation le 20 novembre, le vice-président du Guatemala Guillermo Castillo a prié Alejandro Giammatei de démissionner avec lui : « Pour le bien du pays, je lui ai demandé que nous présentions ensemble notre démission. » Il a profité de cette prise de parole pour réaffirmer ne pas avoir de bons rapports avec le chef de l’état. Les deux hommes sont à la tête du pays depuis janvier 2020. Ils ont été élus au sein d’une élection marquée par une abstention record au second tour avec 55 %.

Loïc Bessière