mars 18

L’événement « MMA Alpha Fight » à Cannes, un nouveau pas vers la démocratisation du MMA

Ce samedi 5 mars était organisé un gala de MMA (martial mix’ art) au Palais des Victoires à Cannes. Vingt-six combattants se sont affrontés lors de cette soirée qui a permis de faire rayonner le MMA français à un niveau international.

Le combattant Nessim Khettou assénant un direct du droit à son adversaire lors de la soirée Alpha Fight. Crédit Photo : Brieuc Leturmy-Perrocheau

Aux abords de la cage, l’ambiance est pesante. Les combats s’enchaînent et suivent une organisation très précise, respectée au millimètre. Les “fighteurs” font leur entrée sous la lumière des projecteurs avec de la musique diffusée à plein volume. Dans la salle, les fans de la discipline scandent à pleins poumons le nom de leur combattant favoris. L’ambiance est électrique et le show à l’américaine galvanise les foules. Ce gala de MMA est une première sur la côte d’azur depuis que le sport a été légalisé en France. Organisé par l’association Alpha Fight Championship (spécialiste de combats pros et amateurs) en partenariat avec l’équipe de volley AS Cannes, cet événement est le symbole d’une démocratisation de la discipline qui s’accélère en France. “Notre but ce soir, c’était d’organiser un événement qui pourrait amorcer un changement sur le regard que portent les gens envers ce sport. On voulait montrer que le MMA peut être un sport agréable à regarder et pas simplement deux brutes épaisses qui se massacrent dans une cage” affirme Laetitia Blot, marraine de l’événement et combattante internationale dans différentes organisations. Depuis 2020, malgré de nombreuses réticences émises à l’encontre de la légalisation des Arts Martiaux Mix, la pratique compte désormais plus de quarante-mille adhérents sur le territoire. Mais cette avancée reste trop tardive pour beaucoup. La France est l’un des derniers pays au monde avec la Norvège et la Thaïlande à avoir autorisé la pratique de ce sport. “En France on a 25 ans de retard par rapport aux États-Unis, ils organisent des combats depuis les années 90. Même en Europe, en Espagne par exemple, ils organisent des combats tous les weekends et nous içi, pas grand chose” témoigne David Ducanovic, ancien combattant MMA et co-organisateur de l’événement.

Chaque combat est constitué de 3 rounds de 5 minutes. Crédit Photo : Brieuc Leturmy-Perrocheau

Une hausse de popularité progressive

La légalisation du MMA permet aujourd’hui un meilleur encadrement de la discipline. Les pratiquants, qu’ils soient professionnels ou non, sont mieux accompagnés et un cadre leur est imposé. De nombreux clubs suivants une ligne de conduite  stricte ont vu le jour partout en France (plus de 240), là où les combattants devaient auparavant se cantonner à des locaux inadaptés à la pratique. Un changement de législation qui n’aurait pas vu le jour sans les actions et recours de Roxana Maracineanu, ministre déléguée chargée des sports en janvier 2020. Le MMA a alors été placé sous la responsabilité de la FFB (fédération française de boxe).

À cette légalisation s’ajoute la récente hausse de popularité à l’encontre de la discipline. La fin des restrictions sanitaires permet en effet d’organiser des événements et des compétitions, ce qui n’avait pas pu être fait en 2020. Des championnats de France ont été organisés en janvier 2022 et ont permis à de nombreux talents français de se démarquer. “Les fédérations se sont rendues compte que la France a les combattants et le potentiel pour les faire combattre à l’international. C’est à nous de les faire briller sur le territoire” affirme Morgan Héraud, co-organisateur de la soirée.

C’est aussi le phénomène Cyril Gane qui a permis de propulser le MMA français sur les devants de la scène. Dans la nuit du 22 janvier 2022, le français a combattu pour la ceinture mondiale des poids lourds contre le Franco-Camerounais Francis Ngannou. Le combat diffusé sur de nombreuses chaînes de télévisions internationales a rassemblé des millions de téléspectateurs en faisant l’un des combats les plus médiatisés de l’histoire. « On se rend vraiment compte que le regard des gens commence à changer. Derrière les combattants, il y a des humains, on a aussi une vie. Le fait que ça soit de plus en plus diffusé à la télé montre qu’on est des sportifs “classiques” continue Laetitia Blot.

Avant chaque combats, les « fighteurs » sont examinés pour minimiser les risques de blessures. Crédit Photo : Brieuc Leturmy-Perrocheau

“Les femmes ont encore une place à se faire”

Pour pouvoir se targuer d’être pleinement développé, le MMA en France pousse les femmes à se tourner vers la discipline. De plus en plus de femmes s’inscrivent dans des clubs pour une pratique en loisir. Le MMA a opéré le tour de force de reformuler les représentations traditionnelles et patriarcales en montrant que des femmes peuvent aussi combattre dans une cage. Sur la scène internationale en revanche, les avancées sont plus modestes. Les combats féminin attirent bien moins de téléspectateurs et les primes que touchent les femmes sont souvent divisées par 3 par rapport à leurs homologues masculins. “Aujourd’hui les femmes ont encore une place à se faire. Lors de gros événements comme celui-ci, il y a souvent un seul combat de femmes car elles sont très difficiles à trouver. C’est pour cela que l’organisation de la soirée a décidé que le combat principal soit deux femmes. En plus de nos qualités, on a aussi un très bon niveau. On veut développer cette image de “on a les mêmes valeurs et on est autant légitimes que les hommes à monter dans la cage”. On a les mêmes entraînements et les mêmes répétitions qu’eux” explique Diane Voituret, gagnante du combat principal de la soirée. Son affrontement était en tête d’affiche, une volonté clairement exprimée par l’organisation d’apporter une meilleure visibilité au MMA féminin et attirer plus de pratiquantes à rejoindre les clubs. On peut logiquement s’attendre à un développement de la catégorie dans les prochains mois. Pour l’heure, le combat continue.

Brieuc Leturmy-Perrocheau