Le projet « parastronautes », pour un espace plus inclusif

Sélectionné le 28 novembre dernier par l’Agence spatiale européenne dans le cadre du programme « parastronautes », l’ex-champion paralympique John McFall est la première personne atteinte d’un handicap physique à devenir astronaute. Un message fort.  

Le nouveau « parastronaute » John McFall lors de la cérémonie de présentation de la nouvelle promotion d’astronautes de l’ESA, mercredi dernier. (Crédits : BENOIT TESSIER / REUTERS)

Une personne handicapée dans l’espace. Une phrase qui aurait pu sembler absurde avant mercredi dernier. À 41 ans, l’ex-champion paralympique John McFall pourrait devenir la première personne porteuse d’un handicap de l’histoire à franchir la couche d’ozone. Privé de sa jambe droite, le britannique a été sélectionné par l’Agence spatiale européenne (ESA), dans le cadre de son projet « parastronautes ». Un message d’espoir pour les personnes atteintes de handicap physique.

Selon l’ESA, le programme d’entraînement « parastronautes » vise à « étudier les possibilités de faire participer des astronautes porteurs de handicap physique à des activités liées aux vols habités, et peut-être à de futures missions spatiales ». Lors de la cérémonie de présentation de la nouvelle promotion d’astronautes de l’ESA, John McFall a partagé son émotion : « Cela a fait l’effet d’un tourbillon, car, étant amputé, je n’avais jamais pensé que devenir un astronaute était une possibilité. Ce sont des métiers qui font rêver et paraissent impossibles à réaliser ».

« La science est pour tout le monde »

Le métier d’astronaute est réputé inaccessible. Pour une personne handicapée, ce métier peut sembler aussi inatteignable que Mars pour l’homme. Après une série infernale de tests cognitifs, techniques et de personnalité, suivis d’évaluations psychométriques, de tests médicaux et d’entretiens « d’embauche », John McFall l’a fait. L’ESA a certes précisé que les tests physiques ont été aménagés pour une personne handicapée.  Cependant, les attentes psychologiques et intellectuelles étaient les mêmes que pour les astronautes.

Estelle Moraux, maîtresse de conférences à Grenoble et finaliste lors du recrutement de 2008, explique la nécessité d’un tel programme : « Il est très important de faire attention à l’inclusion pour montrer que c’est accessible à beaucoup de personnes et afin d’éviter qu’elles ne se censurent ».

John McFall est conscient de la valeur symbolique et inclusive que porte sa sélection : « Le message que je veux donner aux futures générations, c’est que la science est pour tout le monde et que les voyages dans l’espace, espérons-le, peuvent être pour tout le monde », a lancé avec entrain le médecin après sa nomination. Un enthousiasme qu’il faut toutefois mesurer.

Pour être éligible à la sélection, il y a plusieurs cases à cocher. Il faut être détenteur d’au moins un master, parler couramment trois langues, avoir trois ans d’expérience professionnelle, être âgé de moins de 50 ans et posséder des capacités intellectuelles et psychologiques hors du commun. L’inclusivité a donc aussi des limites.

Rémi Capra-Brocard

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