Ludovic Hubler, un « stop-trotteur » au service des autres

Pendant cinq ans, Ludovic Hubler a fait le tour du monde en stop. Un voyage qui l’a amené à créer son ONG pour favoriser l’engagement citoyen.

Ludovic Hubler a fait le tour du monde en stop entre 2003 et 2008. Photo exploring-beyond.com

S’il a commencé l’auto-stop pendant son adolescence sur ses terres natales alsaciennes « pour aller à ­[ses] entraînements de foot au village voisin », Ludovic Hubler a levé son pouce sur 170 000 km pour arrêter  voitures, camions, voiliers et même un brise-glace, dans 59 pays, entre 2003 et 2008. Son « doctorat de la route » comme il aime l’appeler, où ses « professeurs n’étaient pas dans une salle de classe mais au volant de leur véhicule »,  lui a ouvert l’esprit et « fait prendre la réalité en pleine face. »  Ce qui l’a le plus marqué c’est« l’importance de la religion et de manque d’éducation à travers le monde ». Il témoigne de l’émotion ressentie face aux souffrances rencontrées : «  quand tu vois un enfant mourir de faim à la télévision, tu réagis d’une façon, quand tu vois un enfant mourir de faim devant toi, tu réagis bien différemment. »

En rouge, les pays visités par Ludovic Hubler pendant son tour du monde en stop. Carte éditée avec douwe.com

Autant d’expériences que de rencontres, « avec des dirigeants d’ONG ou le Dalaï-lama [une des principales autorités religieuses du bouddhisme] » qui ont fait de ce voyage « une pierre angulaire de [sa] vie ».

« La volonté de créer quelque chose »

Une question s’est posée pendant ce tour : « qu’allais-je faire après ? Il y avait trois mondes possibles : le business pour lequel j’avais été formé, le journalisme car j’aime bien écrire et celui du développement et de la paix. J’ai choisi ce dernier, avec l’envie d’entre aux Nations Unies ». Si Genève ne lui a pas ouvert ses portes, c’est à Monaco qu’il s’engage dans l’ONG Peace and Sport, qui « cherche à promouvoir le sport comme outil d’éducation et de paix. Il y a eu à nouveau beaucoup de voyages », raconte-t-il en souriant. Mais c’est en 2013 que sa nouvelle aventure est lancée, avec « l’envie de créer quelque chose ». Il crée Travel with a mission (TWAM), une ONG qui veut « favoriser l’engagement citoyen ». Il observe que « beaucoup de gens veulent aider mais ne savent pas comment. C’est tout l’objectif de TWAM, de donner différentes façons de se rendre utile, à son niveau ».

Ludovic Hubler et deux amis sont partis à la frontière polono-ukrainienne début mars pour déposer des denrées et ramener des réfugiés. Photo exploring-beyond.com

Aider à son niveau, Ludovic Hubler essaie donc de le faire quotidiennement. Passionné de géopolitique, il n’a pas hésité à venir en aide aux Ukrainiens dès le début de la guerre en février. « Avec TWAM et le club Rotary dont je suis président, on a mis en place des collectes. En cinq jours, on avait rempli 60 caddies. J’ai pris un minibus et avec deux amis on a fait le chemin jusqu’à la frontière polono-ukrainienne avec l’idée de déposer un bus plein de denrées et de revenir avec des réfugiés. » Une mission menée à bien puisque trois mamans et cinq enfants ont pu regagner la France à ses côtés.

 Bastien DUFOUR