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Imbroglio au Burkina Faso : au revoir la France, bonjour la Russie
48h après que la presse a révélé la fin de l’accord sur la présence militaire française sur son territoire, le Burkina Faso confirme sa décision et informe Paris jusqu’alors laissé dans le flou. Le pays du Sahel emboite le pas au Mali, et ce jusque dans son rapprochement avec la Russie.

Lundi 23 janvier, le porte-parole du gouvernement burkinabé, Jean-Emmanuel Ouédraogo, a officiellement confirmé le souhait des autorités de voir les 400 militaires français présents sur le territoire, quitter le pays dans un délai d’un mois. Les forces spéciales françaises, déployées dans le cadre de l’opération Sabre, sont installées depuis 2018 à Kamboinsin, dans la banlieue nord de Ouagadougou. Leur mission est d’assurer la sécurité au Sahel dans un contexte de lutte contre le djihadisme.
La presse informée avant Paris
La rumeur du départ des militaires français circule sur les réseaux sociaux depuis samedi, après que l’Agence d’Information du Burkina (AIB) a publié une dépêche à ce sujet sans qu’aucune déclaration formelle ne suive. Un document aux allures de lettre officielle, mais non authentifié, a été largement partagé sur Twitter. Il stipulait que le gouvernement, sous l’autorité du capitaine putschiste Ibrahim Traoré, dénonçait la présence de la mission française sur le territoire, et mettait immédiatement fin à l’accord diplomatique passé entre les deux pays le 17 décembre 2018.
Dimanche soir, le président Emmanuel Macron réagissait à cette situation confuse, lors d’une conférence de presse organisée à Paris pour l’anniversaire du traité de réconciliation franco-allemand. Il appelait alors le président de transition Ibrahim Traoré à plus de clarifications, visant ainsi à obtenir la garantie qu’il n’y avait pas là une manipulation de la puissance russe, selon les propos rapportés par TV5 Monde :
« Je pense qu’’il faut garder beaucoup de prudence et veiller à ce que (…) certains dans la région, qui peuvent avoir partie liée au demeurant avec (…) nos amis russes, ne fassent pas de manipulation, donc nous attendons des clarifications de la part de M. Traoré sur ce sujet ».
La milice russe présente au Sud du pays
Le président de la République fait sans ambigüité référence à la Russie. Depuis le putsch militaire le 2 octobre 2022, le pays n’a cessé de se rapprocher des réseaux russes. Comme en écho à la situation chez leur voisin malien, le Burkina Faso renvoie les troupes françaises dans un contexte où les manifestations pro-russes et anti-français sont nombreuses. Le premier ministre de la transition burkinabé, Apollinaire Kyélem Tambéla, a effectué en décembre son premier voyage officiel en Russie. Selon des sources proches des renseignements français qui se sont confiées à la rédaction du quotidien Jeune Afrique, ce déplacement était en réalité un voyage de négociation de contrat avec Wagner. Rappelons également qu’en décembre dernier, le président ghanéen Nana Akufo-Addo affirmait que des miliciens russes étaient déjà présents au sud du Burkina Faso.
Dunvel Ramalingum