février 10

Sur le procès de Kévin Ribal : « c’est un meurtrier, un assassin »

Dans le cadre du procès de Kévin Ribal, une longue journée de virulents débats a opposé les avocats des parties civiles et ceux de la défense au tribunal de grande instance de Nice. Les plaidoiries de chacun ont été données en attente du verdict final.

La sentence tombera ce vendredi au tribunal de grande instance / Crédit photo : Noah Bergot

Dans la fraîcheur du jeudi matin, la cour d’assises de Nice ouvre ses portes pour la quatrième journée de procès du meurtre de Kévin Ribal, le jeune homme qui avait été poignardé à la sortie d’une boîte à Cannes. Sur le banc des accusés, le meurtrier conserve la tête baissée tout le long du procès. Trente ans de réclusion criminelle sont requis contre lui. Les plaidoiries des avocats des parties civiles et celles de la défense s’enchaînent afin de déterminer s’il existe des circonstances aggravantes. Pourtant, une seule question semble alimenter le débat. Le meurtre a-t-il été prémédité ? En d’autres termes, s’agit-il d’un assassinat ?

Meurtre ou assassinat, une question en suspens

L’enjeu est gros pour les deux principaux accusés. Si Kévin Remiki est considéré comme assassin, il encourra d’une peine de 30 ans de réclusion criminelle. S’il n’y avait pas l’intention de tuer, sa peine pourrait être abaissée à 20 ans. Quant à Wassim Belkacem, est-il coauteur du meurtre de Kévin Ribal le soir du 28 octobre 2018, à seulement 19 ans ? S’il est reconnu coupable à propos des faits précédents, il encourra une peine analogue à celle du meurtrier.

L’auteur des faits, Kévin Remiki, aurait-il réfléchi voire préparé son crime ? Selon la procureure et les parties civiles, ça ne fait aucun doute. La sémantique est vindicative. «C’est un assassin, un meurtrier», déclare l’avocate des parties civiles avant d’ajouter : «ce soir-là il est agité, il déclare d’ailleurs « ce soir je retourne en prison»».  L’avocate de Kévin Remiki rétorque que la thèse de l’assassinat est impossible. Citant l’expert, l’avocate de la défense maintient qu’il aurait agit de façon spontanée et impulsive. Un objectif crucial : démonter la thèse de l’assassinat, vue comme «une volonté mûre et réfléchie» et ainsi éviter la peine maximale.

De l’autre côté de la cour, la procureure maintient que le deuxième accusé Wassim Belkacem est «complice voire coauteur du meurtre de Kévin Ribal». Selon la défense, cela est impossible. «La complicité, c’est d’avoir sciemment aidé et facilité le crime. En droit, il faut que l’action du complice soit antérieure ou concomitante. Or, le coup de poing infligé de Wassim Belkacem envers Kévin Ribal est postérieur», indique l’avocate de l’accusé. Puis elle ajoute à l’adresse des six jurés et des trois juges : «Oui, vous le condamnerez pour les violences qu’il a commis, mais vous l’acquitterez du chef de coauteur de ce meurtre car il ne peut pas y avoir participé».

L’avocate accuse par ailleurs l’expert Stefanov d’être à l’origine d’une faute professionnelle «très grave». Pour cause, la vidéo permettant de déterminer si Wassim Belkacem s’est rendu complice le soir des faits aurait été coupée. 4 secondes manquantes, dans l’intention de faire croire à une concomitance entre le coup de poing de Wassim Belkacem et les coups de couteaux infligés par Kévin Remiki. L’avocat de la défense dénonce une partialité de l’expert au sein de la cour, affirmant que dans les cas suivants, «le doute doit profiter face à l’affirmation sans preuve».

La présence de trois accusés complexifie l’affaire. Trois entités distinctes mais une histoire commune, un destin lié. Les trois juges et les six jurés détermineront ce vendredi la sentence des accusés afin de faire justice au mieux suite à la mort tragique du jeune Kévin Ribal.

Noah Bergot