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Avant-première du film Under [SI :] à Cannes : les secrets du premier écomusée sous-marin de France


Le Palais des Festivals diffusait, ce jeudi 9 février 2023 en avant-première, le premier film produit par la mairie de Cannes, en présence de David Lisnard, Jason deCaires Taylor et Morgan Le Faucheur. Zoom sur ce court métrage qui retrace les étapes de la création de l’écomusée situé entre les deux îles de Lérins.

Les sculptures visibles dans le court-métrage peuvent être observées à quelques mètres de profondeurs – Photo Estelle Fierling

C’est ce jeudi 9 février qu’a été dévoilé le court métrage Under [SI :]. L’événement était gratuit, sur invitation et dans la limite des places disponibles. A l’occasion de cette avant-première, David Lisnard, maire de Cannes, Jason deCaires Taylor, artiste sculpteur anglais mondialement reconnu, ainsi que le réalisateur Morgan Le Faucheur étaient présents dans la mythique salle du Palais des Festivals et des Congrès. Ce court métrage de 36 minutes met en lumière les différentes étapes de la réalisation de ce projet. Il s’agit du premier projet de ce type produit par la mairie de Cannes, qui s’est associée à ALMO FILM pour l’occasion.

C’est dans le cadre de ses actions en faveur de la protection des fonds marins que la Mairie a immergé début 2021, au sud de l’île Sainte-Marguerite, six sculptures spectaculaires réalisées par l’artiste Jason deCaires Taylor. Ces œuvres constituent le premier écomusée sous-marin de Méditerranée, et ont pour but de servir d’habitat et de refuge à la biodiversité marine locale, pour la préserver un maximum. Elles ont nécessité un travail long et minutieux, et finiront par former des récifs artificiels favorisant ainsi la biodiversité. Au fil du temps, algues, coraux et espèces sous-marines feront évoluer ces œuvres d’art.

« Si on respecte la nature dès le plus jeune âge, on continuera de la préserver tout au long de notre vie »

Under [SI :] plonge les spectateurs dans les coulisses du processus créatif des œuvres du sculpteur anglais, et les emmène, étape par étape, à la rencontre de ceux qui ont permis la concrétisation de ce projet : l’artiste lui-même, les six Cannois ayant prêté leur visage pour l’occasion, les experts en biologie marine et enfin les équipes municipales et techniques. L’ambition de Jason est de sensibiliser chacun des spectateurs, notamment les plus jeunes, à la fragilité de la biodiversité marine et d’encourager à la préservation des fonds marins. « Il faut apprendre tôt aux enfants à préserver la mer, c’est un peu comme les règles de politesse. Si on ne le fait pas étant petit, on ne le fait jamais. Par contre, si on respecte la nature dès le plus jeune âge, on continuera de la préserver tout au long de notre vie », explique-t-il. Jason deCaires Taylor est connu pour son engagement pour la protection des espaces sous-marins. Plusieurs de ses œuvres ont pris place dans les eaux du monde, comme celle des Bahamas, de Cancun, d’Oslo ou encore de l’île de Grenade. C’est donc tout naturellement que la ville de Cannes l’a choisi pour la réalisation de l’écomusée méditerranéen.

Cet écomusée a pour objectif de sensibiliser le grand public à la question essentielle de la protection de la Méditerranée. Sa réalisation a également permis d’étendre la zone d’interdiction de mouillage entre les îles de Lérins. « Sa vocation écologique est très première, puisqu’elle permet de fixer l’écosystème, de retrouver une vie de la faune et de la flore dans un espace entre les îles de Lérins qui avait été dynamité il y a maintenant de nombreuses décennies pour faire passer une ligne électrique […]. Nous avons un partenariat avec tous ceux qui analysent le suivi des œuvres accessibles et nous permettent de reconstituer l’écosystème » a déclaré David Lisnard avant la projection du court métrage.

Six visages immergés

Chaque sculpture, d’une hauteur de 2 mètres et d’un poids de 9 tonnes, est fabriquée dans un matériau en béton écologique poreux à PH neutre, et représente un, ou une, cannois ou cannoise. Hommes femmes et enfant, de tout âge, y sont représentés. Leurs visages ont été moulés en 2018, dans l’atelier éphémère de Jason deCaires Taylor, au Fort royal de l’île Sainte Marguerite. Une cinquantaine de personnes se sont prêtées au jeu et sont allés faire l’empreinte de leur visage dans de l’alginate de moulage (produit naturel composé d’alginate de calcium dérivé d’algues marines) puis dans du plâtre pour consolider l’alginate, trop molle pour créer le moule. Les six visages les mieux adaptés du point de vue de l’artiste ont ensuite été sélectionnés pour être sculptés.

Les sculptures sont divisées en deux parties. L’un des côtés montre la personne de face, avec une technique de sculpture bien lisse, tandis que le second côté montre le même visage de profil, avec plusieurs trous et fissures un peu partout sur l’œuvre. Jason deCaires Taylor explique qu’il a voulu « représenter les différentes facettes humaines, avec la joie et le bonheur, mais aussi la tristesse et les épreuves de la vie ». Les « muses » du projet ont pu assister à l’immersion des sculptures le jeudi 21 janvier 2021. Maurice Merenda confie : « Je suis fier de savoir que mes petits-enfants et arrières petits-enfants pourront plonger et aller voir mon visage en disant : « Ça, c’est mon papy. »

Des sculptures à la portée du grand public

Les six œuvres de Jason deCaires Taylor sont immergées à une distance allant de 84 à 132 mètres du rivage, et à une profondeur de 3 à 5 mètres seulement, entre l’Île Sainte-Marguerite et l’Île Saint-Honorat. Elles sont donc accessibles à une grande majorité de plongeurs : seuls un masque et un tuba suffisent à admirer les visages.

Estelle Fierling